Alors que, sous l'effet des sous orages magnétiques, il s'en produit pratiquement tous les jours dans les régions polaires nord et sud, les aurores boréales sont exceptionnelles à nos latitudes. Les aurores boréales (et australes) sont produites par l'excitation des molécules et des atomes de notre atmosphère, principalement l'oxygène pour les aurores vertes et l'azote pour les rouges. Cette excitation est provoquée par les particules du vent solaire. Le Soleil émet en permanence une quantité de particules hautement énergétiques dans l'espace. Lorsque ce plasma arrive à proximité de la Terre, il s'écoule le long du champ magnétique de notre planète.
La magnétosphère de notre planète a une disposition normale, dite bipolaire. Le vent solaire la comprime du côté de notre étoile et l'étire à l'opposé: c'est la queue magnétosphérique. Les lignes de champ sont régulières et arrondies. Le plasma transporté par le vent solaire s'écoule le long de la magnétosphère, mais une partie s'infiltre par deux zones situées au dessus des pôles magnétiques (différents des pôles géographiques), les cornets polaires. Le plasma infiltré suit les lignes de champ et s'accumule au cœur de la queue magnétosphérique. Les lignes de champ prennent une forme longue et droite: c'est la phase de croissance.
La couche de plasma toujours plus dense et où circule un courant électrique atteint un stade où elle se déstabilise. Le courant s'interrompt, ce qui déstabilise également les lignes de champ magnétique voisines. Elles se pincent et l'énergie qu'elles contiennent est brusquement transmise aux particules du plasma: c'est la phase du déclenchement. Cette énergie propulse les particules ionisées du plasma en direction du côté nuit de la Terre en suivant les lignes de champ: c'est la phase d'expansion.
Les particules atteignent notre atmosphère au niveau des deux ovales auroraux. Elles interagissent avec les atomes et molécules présents en les ionisant: les lueurs aurorales vives et mobiles apparaissent. une fois toutes ces particules évacuées vers la Terre, la queue magnétosphérique se réorganise progressivement, c'est la phase de recouvrement. Ce processus complet, qui peut prendre de 20 minutes à 1 heure peut se produire plusieurs fois au cours d'une même nuit.
(d'après Fabrice Mottez, OBSPM)
Les aurores se produisent le plus souvent sous la forme de draperies de couleur verte, signe de l'excitation de l'oxygène, mais elles peuvent être rouges lorsque l'azote et l'hydrogène sont excités.
Lors du maximum de ses cycles de onze ans, le Soleil peut avoir de très violentes éruptions, suffisamment fortes que pour expédier un flux de particules tel que le choc sur la magnétosphère est énorme et celle-ci se comprime alors très fortement du côté du Soleil. Cela provoque de fortes perturbations magnétiques et électriques et des aurores peuvent devenir visibles aux latitudes moyennes. La phase la plus aigüe des orages magnétiques dure une demi journée à une journée, le retour à la normale s'effectuant en deux ou trois jours. Cela s'est produit le 13 mars 1989 et plus récemment le 6 avril 2000 mais aussi le 11 avril 2001, le 21 octobre 2001 ainsi que les 30 octobre et 20 novembre 2003 ou encore le 17 mars 2015. Malheureusement, le climat des régions tempérées est tel que la nébulosité le plus souvent abondante nous prive du spectacle.
Les grandes aurores rougeoyantes:
Les aurores rouges sont très rares. Elles coïncident avec des orages magnétiques exceptionnellement intenses, alors qu'une bouffée de particules de haute énergie entre en collision avec l'ionosphère. Soumis à un tel bombardement, de nombreux électrons se détachent des atomes et des molécules présents dans notre atmosphère. Ces électrons secondaires portent moins d'énergie que les électrons primaires provenant de la magnétosphère. Quand un atome d'oxygène est excité par un électron secondaire, il accumule une légère surcharge d'énergie dans ses circuits internes. S'il arrive à conserver cette énergie pendant un certain temps, il émettra de la lumière rouge lorsqu'il libérera ensuite ce trop plein d'énergie. Quand cette réaction se produit sur une grande échelle, un véritable embrasement envahit le ciel nocturne: ce sont les grandes aurores rougeoyantes qui éveillaient tant de crainte chez nos ancêtres.
(Les aurores boréales, Candace Savage, éd. Trécarré)
L'aurore boréale du 6 avril 2000
Les images de l'aurore du jeudi 6 avril 2000 visibles ci-dessous ont été prises sur film argentique depuis l'observatoire de La Fosse lors d'une magnifique aurore rougeoyante qui a illuminé le ciel européen. L'appareil photo utilisé était un Olympus OM2 chargé avec un film Kodak RF 1000 ASA. Cette nuit-là, nous avons eu la chance d'avoir un ciel parfaitement dégagé et de pouvoir profiter pleinement de l'entièreté du phénomène. Au maximum de l'aurore rougeoyante, vers minuit et demie, le ciel était en feu de l'horizon nord jusqu'au delà du zénith.
Cliquez dans les photos pour voir un agrandissement.
Si vous aimez les aurores boréales, je vous invite à visiter le site de Gilles Boutin www.banditdenuit.com. Gilles habite près de Québec, au Canada et il s'est spécialisé dans la chasse aux aurores.
L'aurore boréale du 17 mars 2015
Une éruption solaire de classe X2 a eu lieu sur le Soleil le 15 mars 2015 alors que celui-ci n'était pas particulièrement actif, seul un assez petit groupe de taches étant visible à sa surface. Cette éruption a cependant été directement orientée vers la Terre et le 17 mars au matin, avec un index Kp de 8 sur 10, c'est une superbe aurore boréale qui a été visible au Canada et aux Etats-Unis avant d'atteindre l'Europe le soir. Malheureusement, l'orientation du cornet polaire nord, par lequel pénètrent les particules chargées responsables des aurores, est telle que la Belgique se trouvait en bordure de la zone active.
Cette aurore n'a donc été que faiblement visible à l'œil nu. Nous étions Pierre Ponsard et moi présents à La Fosse dès la tombée de la nuit, mais ce n'est que vers onze heures et demi que l'on a commencé à apercevoir une faible bande verticale vers le nord. Cette bande ne montrait pas de couleurs apparentes et le phénomène a assez peu évolué jusque vers minuit, moment où une plage d'environ 20 degrés de large est apparue (cliché du bas). Cette plage était facilement visible, mais toujours très pâle. Elle a duré 2 ou trois minutes avant de faiblir puis nous n'avons plus rien vu.
Il faut
savoir que le site de la Fosse est assez protégé de la pollution lumineuse, ce
qui nous a permis de voir l'aurore, mais la ville de liège se trouve à 40 km au
nord, donc les lueurs se perdaient dans la pollution lumineuse; et il est
certain qu'elle était invisible depuis les sites urbains ou même périurbain. Il
faut garder à l'esprit que l'aurore était faible et que seules des poses longues
(30 sec à 1600 iso avec un APN Canon 60D) ont permis de bien faire ressortir l'aurore et ses couleurs
sur les clichés (c'est comme pour les nébuleuses qui apparaissent sans couleurs
à l'oculaire ). Les trois photos ci-dessous sont de Pierre Ponsard; cliquez
dedans pour les voir en grand.
L'aurore boréale du 10 mai 2024
Une éruption solaire de classe X5.7, la plus puissante depuis 2003, a eu lieu sur le Soleil le 8 mai 2024. Cette éruption a éjecté une énorme quantité de masse coronale qui a atteint la Terre le vendredi 10 en provoquant de magnifiques aurores qui ont duré plus de 24 heures puisqu'il y en avait encore de visibles en soirée le 11. Contrairement à la grande aurore rougeoyante du 06 avril 2000, celle-ci n'a pas incendié le ciel; mais si les magnifiques draperies qui ont dansés toute la nuit apparaissaient peu colorées à l'œil nu, elles apparaissent avec de magnifiques couleurs allant du pourpre au rosé en passant par le mauve, le jaune ou le vert sur les photos prises avec les appareils photo numériques modernes. J'ai utilisé mon APN Canon 60D et des poses d'environ 15 secondes à 1600 ISO pour capturer ce magnifique spectacle.
Il m'a été difficile de faire un choix parmi les centaines de clichés que j'ai pris pendant cette nuit magique. Voici donc une sélection qui, je l'espères montrera au mieux l'évolution du phénomène pendant la nuit.
Cliquez dans les photos pour voir un agrandissement.
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22hr34 23hr03
L'aurore est déjà bien visible dans le crépuscule, mais elle va ensuite se calmer et il ne va plus se passer grand chose avant minuit quart.
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23hr51 00hr16
L'aurore se développe rapidement et change en seulement quelques instants; elle devient tellement intense qu'elle éclaire le sol.
00hr28 00hr30
Un peintre surréaliste jette de grands coups de pinceaux dans le ciel.
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00hr48 00hr48
01hr02 01hr10
Vers 01hr30, c'est l'accalmie; mais l'aurore va rester assez visible repassant même par plusieurs périodes d'activité qui vont durer jusqu'à l'aube.
03hr08 03hr19
Les évolutions sont rapides et les draperies changent en moins d'une minute.
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03hr20 03hr28
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04hr06 04hr29
L'aube monte de plus en plus et l'aurore va finir par se perdre dans les lueurs du levant.
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04hr42 04hr50
Mais tout n'est pas fini et, après être passé par les Etats Unis, le phénomène va réapparaitre au crépuscule le samedi soir pour finir par disparaitre pour de bon.
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22hr58 23hr01
L'aurore boréale des 11 et 12 aout 2024
Quoique beaucoup moins intenses que l'aurore du 10 mai 2024, des nouvelles aurores ont été visibles dans le ciel belge les 11 et 12 aout 2024. Voici 4 images capturées le 12 vers 23hr35.
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L'aurore boréale du 12 novembre 2025
L'activité solaire reste intense en cette fin d'année 2025, et un beau groupe de taches très actif a eu plusieurs grosses éruptions dont une, correctement orientée vers la Terre, nous a gratifiée d'une belle aurore rougeoyante en deuxième partie de nuit ce 12 novembre. Cette aurore a été bien visible à l'œil nu, malgré la présence de nuages d'altitude et, surtout, de la Lune au dernier quartier, bien haute dans le ciel. L'aurore était pulsante, c'est à dire que l'on pouvait voir une lueur nettement rougeâtre et, par moment, des grandes taches rouge vif dans le ciel en regardant vers le nord. Les clichés que je vous en propose ont été pris comme d'habitude depuis l'observatoire de la Fosse avec un apn Canon 60d muni d'un objectif de 24 mm à F4,5 et un temps de pose variant entre 15 (à1250 ISO) et 7 (à 2000 ISO) secondes. L'aurore était déjà bien active lorsque je suis arrivé sur le site un peu après 4 heures. Elle devait rester bien active pendant environ 1 heure avant de faiblir pour devenir invisible peu avant 6 heures, tandis que l'activité se déplaçait vers l'Amérique.
Cliquez dans les vignettes pour voir les images en grand.
04hr37 04hr40